Le projet du mois – Mars 2023

 

Interview de Xavier Dommange de Cœur et Canopée

Rencontre avec Xavier Dommange – porteur de projet & membre du Comex de la communauté Entrepreneurs pour la Planète Bretagne & Pays de la Loire qui nous confie tout sur sa passion pour les micro-forêts urbaines qui l’a poussé à créer Cœur et Canopée. (Ré)Apprendre à connaître son environnement c’est mieux vivre avec lui.

Parle-nous de l’entreprise Cœur et Canopée, comment a-t-elle été créé ?

Cœur et Canopée est née pendant le confinement. Des arbres malades devaient être coupés sur une parcelle de terrain chez mes grands-parents. J’ai supervisé leur coupe et j’ai brûlé les cimes et les branches élaguées. Ça m’a donné le temps d’observer que dans la vallée et sur les coteaux environnants, de nombreux foyers de maladie étaient en train de se déclarer. Cette maladie n’était qu’un symptôme : les épicéas affaiblis par les sécheresses répétées étaient devenus la proie facile du scolyte, un insecte mangeur de bois. La faiblesse des épicéas venait du fait qu’ils n’étaient pas dus pour être plantés en monospécifique à si basse altitude. À l’époque, je m’intéressais à une nouvelle méthode de plantation qui prenait justement en compte la bonne adaptation des essences au lieu : la méthode Miyawaki. J’ai profité du vide laissé par les arbres abattus pour créer ma première micro-forêt Miyawaki par un budget participatif ; Cœur et Canopée était née !

 

Et que faites-vous exactement ?

Chez Cœur et Canopée, on crée des micro-forêts urbaines participatives. C’est-à-dire que sur des petites surfaces, on parle de projets qui font entre cent et mille mètres carrés, on vient replanter de façon assez particulière beaucoup de végétaux et on le fait en s’inspirant de la composition des forêts anciennes ce qui permet à la petite forêt de reproduire dans la durée les mêmes qualités que ces forêts anciennes.

On plante ces micro-forêts avec des volontaires. Ces volontaires varient selon nos clients. Par exemple, si notre client est une entreprise, on trouvera nos volontaires parmi les employés, quand on travaille avec un campus ou une université, on va aller parler aux étudiants, quand c’est une collectivité on s’adressera aux habitants, etc.


On comprend bien l’engagement écologique, mais également l’engagement pédagogique de Cœur et Canopée. Comment décrirais-tu vos valeurs ?
  

Effectivement, il y a un engagement écologique, mais ce n’est pas toujours ce qui va mettre les les gens en mouvement. Pour certains ce sera plutôt le collectif, pour d’autres le fait de contribuer à la qualité de leur lieu de vie ou de travail, etc.  

Nos valeurs à nous, ça va être l’enthousiasme. On met en place des actions au service du territoire, de la terre et du climat, il faut que ce soit joyeux, c’est hyper important. Il faut que les gens viennent parce qu’ils en ont envie. C’est à cette condition qu’ils seront prêts à apprendre des choses, à s’intéresser à leur territoire et à être motivés à en prendre soin.  

Ensuite, la pédagogie. On a la chance de travailler sur un sujet qui est le vivant, qui est juste fascinant et plein de richesses. Passé l’émerveillement, on veut que les volontaires qui participent comprennent mieux le fonctionnement du vivant, et par la connaissance, se retrouvent dans le projet.  

Enfin, la durabilité. C’est vraiment une valeur qui est forte aujourd’hui. Cette durabilité, elle s’exprime dans notre activité à plusieurs niveaux : au niveau végétal évidemment, puisqu’on va mettre en place une micro-forêt qui va s’installer dans la durée et devenir autonome. Mais également au niveau des comportements, car en découvrant le Vivant, nos volontaires développent un regard plus affûté sur leur quotidien, ce qui leur permet d’adopter des comportements en faveur de la biodiversité. Et ça, ça fait partie des changements dont nous avons besoin ! 

De manière plus concrète, qu’est-ce que la méthode Miyawaki, et quels sont ses avantages ?   

Concrètement, les principes de la méthode Miyawaki sont de retrouver les essences que la nature mettait en place par elle-même au bout d’un temps long, et de les replanter densément sur un sol préparé en profondeur. En fait, on vient donner un petit coup de pouce qui permet d’accélérer le retour de l’écosystème forestier. Quand on parle de planter densément, il s’agit de mettre en place trois plants par mètre carré sous nos latitudes.  

Quant aux avantages, tout d’abord il y a le retour de la fraîcheur puisqu’il y a une diminution de la température dans et autour de la micro-forêt, on parle de deux à cinq degrés en moins. Ensuite, c’est favoriser le retour de la biodiversité sur laquelle toute la Vie et notre société s’appuient, on pense en particulier aux pollinisateurs qui participent au déploiement des cultures, mais aussi aux oiseaux qui se nourrissent d’insectes et régulent les populations de moustiques. On observe également une amélioration de la qualité de l’air, la régénération des sols, surtout ceux qui sont très pauvres, et tout ça vient apporter une solution naturelle aux besoins des villes aujourd’hui. C’est vraiment très gratifiant pour les planteurs de voir qu’un petit geste a vraiment un impact.  


Vous travaillez pour les territoires, mais également avec les entreprises et parfois avec les particuliers. Comment ça se passe pour mettre en place un projet ?
  

Imaginons qu’une entreprise souhaite créer une petite forêt Miyawaki. Elle peut vouloir le faire pour aménager une partie de terrain peu valorisée, pour réaliser une action RSE ou pour proposer un team building par exemple. Chez Cœur et Canopée, on va l’aider à cadrer les dimensions techniques, humaines et environnementales de son projet, en prenant en compte ses attentes, ses motivations et ses ressources. On va aussi enrichir son projet en lui proposant des dimensions qu’elle n’avait sans doute pas envisagées. Par exemple, quand une micro-forêt est installée sur une pelouse, ça réduit les frais d’entretien de l’entreprise. En tous cas, on fait en sorte qu’elle comprenne tout ce qu’elle va gagner et tout ce qu’elle va apporter à son territoire. À ce stade, elle est en général enthousiasmée, parce qu’elle reçoit plus que ce qu’elle avait imaginé ! 

Ensuite, nous concevons ensemble le calendrier de la plantation et les temps de communication et d’échange avec les employés. À partir de là, Coeur et Canopée prend en charge les différentes étapes jusqu’à la mise en place du suivi et de l’entretien. Les entreprises nous demandent souvent d’intégrer une partie de leurs équipes au fil du projet et nous le faisons avec joie car ce sont des ressources précieuses qui nous permettent d’avoir un accès privilégié aux employés. Et ça permet au projet de s’ancrer véritablement dans la démarche d’entreprise 

Nous gérons ensuite les différentes étapes du projet, avec la préparation du terrain, la sensibilisation et la formation des volontaires, la plantation sur une demi-journée et le suivi pendant 3 ans.

Parle-nous du projet avec l’École Saint-Armel, sur lequel Entrepreneurs pour la Planète Bretagne & Pays de la Loire vous accompagne aussi.  

J’ai été contacté il y a un an par un parent d’élève de l’École Saint-Armel, une école située dans un quartier prioritaire de Rennes. Le projet scolaire de l’école nous a beaucoup touchés, car elle propose une scolarisation à vingt-sept euros par mois par enfant, un tarif vraiment bas pour permettre à toutes les familles du quartier d’avoir accès à une éducation de qualité. Cette école a une cour de récréation principale de quatre mille mètres carrés qui est complètement minérale. Cette cour est un vrai îlot de chaleur urbain. Ainsi, l’an dernier, les enfants n’ont pas pu sortir dans la cour parce qu’il faisait trop chaud pendant les mois d’avril et de mai. 

Le projet est donc de retrouver de la fraîcheur grâce à la végétalisation de la cour, tout en mettant en place un projet pédagogique qui rassemble à la fois les enfants, les familles, les enseignants, mais également des entreprises locales qui ont décidé de rejoindre le projet. Elles en ont eu connaissance via le réseau Entrepreneurs pour la Planète Bretagne & Pays de la Loire, et elles ont été touchées par le sens et la dimension pédagogique. Elles apportent au projet une aide financière ou matérielle pour nous aider à le mener à bien.  

Aujourd’hui, il nous reste encore douze mille euros de budget à trouver, ce qui représente cinq mille euros une fois défiscalisés puisque l’école est une association.  

Nous sommes très fiers d’accompagner cette école, sa directrice engagée pour améliorer le quotidien des enfants, et de voir ce réseau d’entraide qui se crée au fur et à mesure et qui ira sans doute au-delà de la micro-forêt.  

Du côté des enfants, c’est 318 élèves de primaire qui vont être sensibilisés, qui vont suivre des végétaux dans la durée, qui vont apprendre à connaître le Vivant, etc. Donc un bel apport éducatif qui va grandir avec eux, dans leur cour. 

Il y a donc encore de la place dans l’équipe et nous serons ravis d’accueillir d’autres entreprises !

 

Le message est passé ! Pour revenir sur ton engagement avec Entrepreneurs pour la Planète, comment est-ce que ça se passe en tant que porteur de projet ?  

On a des événements de rencontre pendant lesquels nous avons la possibilité de pitcher nos projets. Ce sont aussi des occasions de rencontrer d’autres entrepreneurs, d’autres porteurs de projets, des cadres et des dirigeants. Ça permet d’échanger sur les problématiques de chacun, de découvrir de nouveaux sujets et de mieux observer les dynamiques du territoire. Ça crée de bonnes connexions et donne souvent des échanges intéressants.  

Grâce à ces événements, nous pouvons facilement rencontrer des entreprises qui sont prêtes à bouger pour la transition, que ce soit pour faire un premier pas ou pour consolider une démarche RSE déjà bien établie .  

C’est aussi motivant de voir comment d’autres personnes s’y prennent pour bouger les lignes et partager nos expériences avec pragmatisme et enthousiasme.  

 Ce qui est aussi très appréciable, c’est qu’à travers les membres d’Entrepreneurs pour la Planète, porteurs d’idées ou cadres, nous constituons un réservoir de compétences et d’expertises précieuses.  

  

Justement, que rechercheriez-vous dans un futur binôme ?  

La qualité la plus importante pour cette personne serait qu’elle aime le projet, qu’elle en voit le sens, qu’elle puisse se projeter dedans, spontanément, comme un entrepreneur. Pour la suite, des compétences en RH et en stratégie de communication seraient bienvenues, mais l’avenir nous dira ce qu’il apportera ! 

À PROPOS D’ENTREPRENEURS POUR LA PLANÈTE

Entrepreneurs pour la Planète, l’association d’intérêt général qui fédère et anime une communauté d’entrepreneurs engagés pour la transition écologique des entreprises.

Sa mission est de :

  • Cartographier les porteurs de projet environnementaux & identifier les mentors.
  • Créer des binômes & promouvoir le reverse mentoring.
  • Animer & valoriser notre communauté d’entrepreneurs engagés.

Née en 2019 à Marseille, l’association est présente en France dans les 4 antennes dans les régions Sud, AuRA, Île-de-France, Bretagne & Pays de la Loire.

Rejoignez-nous : https://entrepreneurspourlaplanete.org/

Ensemble, entreprenons pour la planète !

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