Le projet du mois – Octobre 2023

Interview de Vincent Renard - Galian

Pour cette interview de rentrée, direction la Bretagne, à la découverte de la mobilité active. Le terme vous rappelle sans doute les mobilités douces, mais nous laissons Vincent Renard, co-fondateur de Galian, vous expliquer la différence, et comment avec Galian et la mobilité active il compte remplacer la voiture. Innovation, challenges, entrepreneuriat, environnement, sensibilisation et réindustrialisation française ; c’est tout ce qu’Entrepreneurs pour la Planète représente !

Quel est ton parcours d’entrepreneur, qu’as-tu fait avant Galian ?

J’ai toujours fait beaucoup de vélo, que ce soit pour aller à l’école ou pour le sport, et avant Galian, j’ai fait de l’animation où je pratiquais également. Pendant un temps, j’ai voulu vivre de la musique, on avait un petit groupe de rock, on tournait un peu mais on s’est rendu compte que ce serait difficile d’en vivre. Alors avec un ami bassiste, après avoir passé deux ans à Londres où on a appris à aimer les langues étrangères, on a monté une petite boîte de traduction à Rennes, parce que la ville nous plaisait et qu’on aime la mer, venant de la région Centre. La boîte marche bien, elle se développe bien, on réussit à avoir 50 salariés et des traducteurs venant du monde entier. Et voilà, j’ai travaillé pendant 20 ans en traduction, mais à un moment donné j’ai compris que mon implication professionnelle devait participer à réduire notre empreinte carbone, et ce qu’on faisait avec cette boîte ce n’était pas assez. J’ai eu l’occasion de revendre l’entreprise en 2019, et c’est à ce moment-là que les planètes se sont alignées pour travailler autour des mobilités, étant fan de vélo.

Justement, parle-nous de la création de Galian.

Le vélo est arrivé il y a très longtemps, au même moment que les voitures, et c’est ce qui l’a empêché de percer vraiment. On a toujours une bonne excuse de ne pas prendre le vélo le matin, et plutôt prendre sa voiture parce qu’on a des enfants à déposer à l’école, des courses à faire, un gros sac de sport, etc. On s’est dit que le vélo tel qu’on le connaît, ne venait pas concurrencer suffisamment la voiture, qui est perçue comme plus pratique. Et qu’en plus, la voiture était utilisée n’importe comment : on fait circuler un véhicule de 1,5 tonne à 75 % du temps pour des distances très courtes de moins de 6 kilomètres, avec très souvent une seule personne dedans.

Le vélo-cargo, qui existe aussi depuis longtemps, n’était pas une solution de remplacement, jusqu’à son évolution et sa révolution, avec son introduction sur nos routes, grâce à l’assistance du moteur électrique. Ainsi, on passe de la voiture à un vélo-cargo de 50 kg qui peut transporter 200 kg grâce au moteur électrique. On change alors le paradigme entre le poids et la puissance transportée, et ça nous semblait super intéressant. On y a vu un moyen d’aller concurrencer la voiture sur un bout de segment — car attention, on ne parle pas de la concurrencer sur des distances de 200 km. Et voilà, avec mes deux associés, l’idée de construire Galian est née et, avec elle, notre travail sur la réduction de l’empreinte carbone.

Quel est le produit de Galian ?

Chez Galian, on propose un Cargotail.

Pour vous expliquer : le vélo-cargo est une catégorie de vélo qui a une capacité d’emport à l’avant, pour y transporter des enfants ou du matériel. Lorsqu’on parle de vélo-longtail, la capacité d’emport est à l’arrière.

Sachant que notre objectif est de remplacer la deuxième voiture, il faut au moins qu’on puisse emmener 4 personnes : le pilote, un adulte à l’arrière et deux enfants à l’avant. Il fallait un vélo qui puisse avoir une capacité d’emport à l’avant (cargo) et à l’arrière (longtail), on est donc le premier vélo cargo-longtail, Galian a donc tout logiquement déposé le nom ‘Cargotail’, qui propose ces deux fonctionnalités, avec une capacité d’emport de 200 kg. Et pour cela, nos vélos sont équipés d’un moteur électrique qui intègre une boîte de vitesses et une très bonne puissance par rapport aux autres moteurs du marché.

Aussi, quand on parle d’un vélo, on parle de son cadre, de son esthétisme. On a donc voulu que ce vélo soit design avec pour objectif de faire descendre les gens de leur belle voiture pour les faire monter sur un beau vélo. Il fallait que notre vélo soit pratique et beau, pour rendre les gens fiers de rouler avec.

Aujourd’hui on a deux vélos : le Formidable pour les familles, et le Spécialiste qui adresse la cyclo logistique.

Tu en parlais, cette entreprise a pour mission d’aider à la décarbonisation. Cependant il y a encore des challenges dans ce domaine.

Oui, et cela a commencé par le moteur. Ce n’était pas facile de trouver un moteur français, et on est content d’avoir choisi Valeo pour le nôtre. Mais il y a aussi le soudage du cadre du vélo. Aujourd’hui, 90 à 95 % des vélos, quel que soit le type, sont soudés en Asie, à des milliers de kilomètres de chez nous. On est très attachés à ce que le cadre soit soudé en France, donc aujourd’hui nos cadres sont soudés en Occitanie, mais d’ici quelques mois ils seront soudés à la Janais, à Rennes. Bien maîtriser la réindustrialisation sur notre territoire est un vrai challenge, que ce soit pour la soudure, le montage de la selle, le guidon, les câbles, etc.

Où en êtes-vous actuellement ?

Nous sommes aujourd’hui dans la phase de commercialisation avec de la vente en direct.

On a vraiment besoin et envie d’arriver doucement sur le marché avec un produit qui soit super bien, fini, et qui réponde aux attentes de nos clients. On démarre donc avec le marché breton, on a fait plusieurs tests, on continue d’en faire, et on a vendu nos premiers vélos qui seront livrés début 2024. On pourra ensuite vendre dans toute la France, et ensuite faire voyager ce vélo dans nos pays voisins, parce qu’on a des atouts pour vendre à nos amis Suisses, Allemands ou au Pays-Bas.

 

Vous ne parlez pas de mobilité douce mais de mobilité active. Peux-tu nous présenter la différence entre les deux ?

Il y a 5 ans, je parlais aussi de mobilité douce. Puis en fait, on s’est rendu compte que l’arrivée de l’assistance électrique, qui à la base est une innovation qui permet de faire moins d’effort, a permis aux gens de plus utiliser le vélo, sur des distances plus longues, et donc en fin d’année de brûler plus de calories. C’est pourquoi on ne peut pas parler de mobilité douce, mais plutôt de mobilité active. Une mobilité douce, c’est plutôt la trottinette électrique : est un objet léger qui ne demande pas d’effort.

 

Quelles sont vos valeurs ?

Dans nos valeurs, il y a la santé. Avec le vélo, on bouge plus, mieux, on réduit les risques de maladies et on reste dans un environnement social. Pour moi, le vélo est un objet social, tu es en contact avec ton environnement, tu échanges avec, c’est propice aux échanges, etc. Contrairement à la voiture où tu es dans ta bulle.

On est très attaché à la valeur de la réindustrialisation en France. On ne veut pas faire faire des milliers de kilomètres à des cadres de vélo et perdre le savoir-faire français.

Aussi, un autre point très important pour nous, c’est de réussir à proposer un objet plus léger qu’une voiture pour faire des déplacements différents.

Et enfin, il y a nos valeurs dans la gouvernance de l’entreprise. On est très attaché au fait que nos salariés puissent prendre des parts dans la boîte et être parties prenantes de la gouvernance. On travaille dans un esprit de collaboration, nos décisions sont prises de manière collégiale et on essaie d’appliquer au mieux le management par l’humain, même si on n’est pas parfait. Nos deux premiers salariés, ce sont des personnes qui sont venues nous voir parce qu’elles voulaient participer au développement de l’entreprise, et ça c’est vraiment valorisant et intéressant.

 

Pourquoi votre engagement avec Entrepreneurs pour la Planète, et quel type de profil ou de compétences vous recherchez ?

On aime bien le côté réseau local et réseau national d’Entrepreneurs pour la Planète. Ce qui pourrait nous aider, ce sont des gens qui ont une vision de la finance, car dans les 12 prochains mois, on va avoir besoin de financement pour avancer. Quelqu’un qui comprend l’entreprise, l’innovation, où on en est aujourd’hui et où on pourrait aller demain, dans quelques années, et donc quels vont être les moyens financiers pour y arriver. Nous sommes actuellement accélérés au Village by CA, on a donc des experts qui peuvent nous aider là-dessus, mais sur Entrepreneurs pour la Planète on peut regrouper des personnes qui ont des valeurs fortes. On est persuadé que la révolution de la décarbonisation doit passer par l’entreprise. Celle-ci doit devenir un vecteur de bonnes pratiques, mettre en œuvre des moyens et permettre la prise de conscience des salariés. Tout ça formera un cercle vertueux qui va découler sur les individus, et donc les salariés, les entreprises, etc.

À PROPOS D’ENTREPRENEURS POUR LA PLANÈTE

Entrepreneurs pour la Planète, l’association d’intérêt général qui fédère et anime une communauté d’entrepreneurs engagés pour la transition écologique des entreprises.

Sa mission est de :

  • Cartographier les porteurs de projet environnementaux & identifier les mentors.
  • Créer des binômes & promouvoir le reverse mentoring.
  • Animer & valoriser notre communauté d’entrepreneurs engagés.

Née en 2019 à Marseille, l’association est présente en France dans les 4 antennes dans les régions Sud, AuRA, Île-de-France, Bretagne & Pays de la Loire.

Rejoignez-nous : https://entrepreneurspourlaplanete.org/

Ensemble, entreprenons pour la planète !

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